VOL•UP•2

View Original

ON ‘DISCLOSURE’ by Alice Keeling Translated by Jordan Riviere

Written by Alice Keeling

Over the past week or so, headlines across the internet have reported confirmation that the film ‘The Matrix’ is a trans allegory. With co-creator Lily Wachowski’s confirmation of the film’s trans allegory comes a strong assertion that it was always the original intention, withheld from the spotlight because “the world wasn’t quite ready”. But why wasn’t the world ready? This is just one of the questions that filmmaker Sam Feder’s new documentary, ‘Disclosure: Trans Lives on Screen’, sets out to answer.

‘Disclosure’ was released on Netflix on June 19th, and Lily Wachowski features amongst the voices and stories of an impressive and diverse host of trans men and women - Trace Lysette, Jazzmun, Chaz Bono and Laverne Cox (who executive produced the documentary) to name a few. The documentary almost immediately launches into a comprehensive history of trans representation on screen. Together, this intelligent group explain why this representation is problematic. Shaped by the knowledge and insight of trans individuals, most of whom have experience in the worlds of film and television, and fleshed out by their own emotional reactions to trans representation on screen, ‘Disclosure’ is striking in the strength of its message.

The message: the media has a great deal of power. And, although things are now changing, up until now film and television have not used this power to do trans lives justice on screen. ‘Disclosure’ exposes the string of stereotypical roles and genres trans characters have been assigned from the earliest days of filmmaking, from comedic cross-dressers to murderous lunatics and murdered prostitutes. As you can imagine, this has done nothing to enforce acceptance and respect for the trans community off screen. In fact, it has done the opposite, reinforcing dangerous stereotypes and normalizing the victimization of trans people.

Of all the stats listed off throughout the documentary, the following is the most important: 80% of American people do not actually know a trans person. Herein lies the reason the media has so much power – if the majority of Americans have no real-life reference point for trans people, then the way they will most frequently come into contact with them is on screen. This has made for some dangerous reference points. Notably, Jen Richards recounts her experience of coming out to a work colleague, whose response was: ‘what, like Buffalo Bill?’

The problematic nature of ‘The Silence of the Lambs’ villain Buffalo Bill, which is explained early on in ‘Disclosure’, was not something that I had thought about before. Although I like to consider myself as quite socially aware, as a cis-gender female I have until now not given any real thought to what portrayals like this really mean. To me, Buffalo Bill was just the disgusting, crazed and murderous villain in one of my favourite movies. To a transfemme individual, he is everything they do not want to and should not be identified with, but often are (even amongst friends, as Jen reveals) due to a lack of accurate and positive representation.

In its entirety, ‘Disclosure’ explains our, until now, perpetual state of ‘not quite ready’-ness. The 80% of us who do not know a trans person have primarily interacted with the community through film and television, where they have been for the most part presented as confused and/or dangerous, a linchpin for comedic plotlines, sex workers or hate-crime victims. Even the most rational amongst us have been conditioned to understand transness in these terms, and react to it accordingly. It is something that we, and the creators of these representations, need to be alert to in order to completely grow out of. Overall, ‘Disclosure’ encourages and inspires this growth in comfortable terms. There is no emphasis on blame or repentance. The entire piece is admirably constructed as to emphasise the emotional and physical consequences of the issue without demonising the perpetrators or we the viewers, many of whom will have joined me in unknowingly enjoying many a problematic film or TV show. The documentary ends on a hopeful and positive note: progress is happening now, and as we speak trans creatives are sculpting more and more in-depth, human and powerful trans narratives and characters who are there for more than their transness.

Lily’s choice to give an explicit confirmation of the trans allegories in ‘The Matrix’ is testament to the progress that has been made thus far. Thanks to shows like ‘Transparent’, ‘I am Cait’, ‘Sense8’ and ‘Pose’, on-screen trans representation is shifting in the right direction, and Feder’s project does not hesitate to give these shows credit where it’s due. However, all progress acknowledged, ‘Disclosure’ is still vital. It is imperative that we understand why we have not been ‘quite ready’, and knowing about the history and consequences of trans representation in film and television is at the centre of this. Powerful, eye-opening and moving, ‘Disclosure’ should be required viewing.

'DISCLOSURE' par Alice Keeling -Traduit par Jordan Riviere

Écrit par Alice Keeling

Depuis une semaine environ, les gros titres sur Internet confirment que le film "The Matrix" est une allégorie des trans. La confirmation par la co-créatrice Lily Wachowski de l'allégorie trans du film affirme clairement que cela a toujours été l'intention originale, caché des projecteurs parce que "le monde n'était pas tout à fait prêt". Mais pourquoi le monde n'était-il pas prêt ?  Ce n'est là qu'une des questions auxquelles le nouveau documentaire du réalisateur Sam Feder, "Disclosure : Trans Lives on Screen", entend répondre.  

Disclosure" est sorti sur Netflix le 19 juin, et Lily Wachowski y présente les voix et les histoires d'un nombre impressionnant et diversifié d'hommes et de femmes transgenres - Trace Lysette, Jazzmun, Chaz Bono et Laverne Cox (qui a produit le documentaire) pour n'en citer que quelques-uns. Le documentaire se lance presque immédiatement dans une histoire complète de la représentation des trans à l'écran. Tous ensemble, ce groupe intelligent explique pourquoi cette représentation est problématique. Façonné par les connaissances et la perspicacité de personnes trans dont la plupart ont une certaine expérience du monde du cinéma et de la télévision, et étoffé par leurs propres réactions émotionnelles à la représentation des trans à l'écran, "Disclosure" frappe par la force de son message.  

Le message est le suivant : les médias ont beaucoup de pouvoir. Et, bien que les choses soient en train de changer, jusqu'à présent le cinéma et la télévision n'ont pas utilisé ce pouvoir pour rendre justice aux transsexuels à l'écran. "Disclosure" expose la liste de rôles et de genres stéréotypés qui ont été attribués aux trans depuis les premiers jours du cinéma, des travestis comiques aux fous meurtriers et aux prostituées assassinées. Comme vous pouvez l'imaginer, cela n'a en rien contribué à imposer l'acceptation et le respect de la communauté trans hors écran. En fait, c'est tout le contraire, cela a renforcé les stéréotypes néfastes et normalisé la victimisation des personnes trans.  

De toutes les statistiques citées tout au long du documentaire, la plus importante est la suivante : 80% des Américains ne connaissent pas vraiment de personne trans. C'est la raison pour laquelle les médias ont tant de pouvoir : si la majorité des Américains n'ont aucun point de référence réel pour les personnes trans, alors la façon dont ils entrent le plus souvent en contact avec elles se trouve à l'écran. Cela a donné lieu à des points de référence dangereux. Jen Richards raconte notamment lorsqu'elle a fait son coming out devant un collègue de travail qui lui a répondu : "Ah, comme Buffalo Bill ?" 

Je n'avais jamais pensé à la nature problématique du méchant Buffalo Bill, le "Silence des agneaux", qui est expliqué au début de "Disclosure". Bien que j'aime me considérer comme très consciente de la société, en tant que femme cis-genre, je n'ai jusqu'à présent pas vraiment réfléchi à la signification réelle de ce genre de représentation. Pour moi, Buffalo Bill n'était que le méchant dégoûtant, fou et meurtrier d'un de mes films préférés. Pour un individu transfemme, il est tout ce à quoi il ne veut pas et ne doit pas être identifié, mais il l'est souvent (même parmi ses amis, comme le révèle Jen) par manque de représentation précise et positive.  

Dans son intégralité, "Disclosure" explique notre état perpétuel de "pas tout à fait prêt" jusqu'à présent. Les 80 % d'entre nous qui ne connaissent pas une personne trans ont principalement interagi avec la communauté par le biais du cinéma et de la télévision, où ils ont été pour la plupart présentés comme perturbés et/ou dangereux, un pilier pour les intrigues comiques, des travailleurs du sexe ou des victimes de crimes haineux. Même les plus rationnels d'entre nous ont été conditionnés à comprendre la transsexualité en ces termes, et à y réagir en conséquence. C'est une chose à laquelle nous, et les créateurs de ces représentations, devons être attentifs pour y remédier complètement. Dans l'ensemble, "Disclosure" encourage et inspire cette remédiation positive. L'accent n'est pas mis sur le blâme ou le repentir. Le film est admirablement construit de manière à souligner les conséquences émotionnelles et physiques du problème sans diaboliser les coupables ou nous, les spectateurs, dont beaucoup se seront joints à moi pour apprécier sans le savoir un film ou une série télévisée problématique. Le documentaire s'achève sur une note positive et pleine d'espoir : des progrès sont en cours, et à l'heure où nous parlons, des trans créatifs façonnent des récits et des personnages trans de plus en plus approfondis, humains et puissants, qui sont là pour plus que leur transexualité.

Le choix de Lily de confirmer explicitement les allégories trans dans "The Matrix" témoigne des progrès réalisés jusqu'à présent. Grâce à des séries comme "Transparent", "I am Cait", "Sense8" et "Pose", la représentation des trans à l'écran évolue dans la bonne direction, et le projet de Feder n'hésite pas à accorder à ces séries le mérite qui leur revient. Cependant, tous les progrès étant reconnus, "Disclosure" reste indispensable. Il est impératif que nous comprenions pourquoi nous n'avons pas été "tout à fait prêts", et la connaissance de l'histoire et des conséquences de la représentation trans au cinéma et à la télévision est au centre de cette démarche. Puissant, révélateur et émouvant, le film "Disclosure » est à voir absolument.